Thérapies et théories en dehors de la médecine traditionnelle

La médecine conventionnelle suscite un désenchantement croissant, qui se traduit par une augmentation des ventes de remèdes et de thérapies alternatives auprès du grand public. Les raisons en sont multiples, mais les inquiétudes concernant les erreurs médicales, les rapports sur les effets secondaires des médicaments prescrits et le désir de thérapies holistiques ont tous attisé les flammes.¹Les défenseurs de la médecine traditionnelle ont réagi en démystifiant de nombreux mythes pseudo-scientifiques qui soutiennent les thérapies non conventionnelles et soulignent que la raison pour laquelle certains patients les considèrent comme plus sûres est simplement que leurs effets indésirables sont inconnus ou ne sont pas rendus publics.

Alors qu'il existe un antagonisme croissant entre la médecine traditionnelle et les thérapeutes alternatifs, les cliniciens conventionnels doivent être conscients des théories et des thérapies promulguées par les praticiens alternatifs, ne serait-ce que pour protéger leurs patients. Il faut également reconnaître que dans le spectre des principes médicaux non conventionnels, on peut parfois trouver un noyau de vérité qui finit par être intégré dans la médecine conventionnelle. L'acupuncture en est un exemple.

Voici une liste de thérapies et de théories courantes auxquelles les patients à la recherche d'une approche alternative peuvent être confrontés.

Fatigue surrénale²

La fatigue surrénale est un terme utilisé par les praticiens alternatifs pour décrire un état dans lequel un stress mental, émotionnel ou physique de longue durée surstimule la glande surrénale, entraînant une réduction éventuelle de son activité. Les symptômes comprennent la fatigue, la difficulté à s'endormir le soir ou à se réveiller le matin, l'envie de sel et de sucre et le besoin de stimulants comme la caféine pour tenir toute la journée.

Cette affection doit être différenciée de l'insuffisance surrénalienne chronique, qui est une maladie médicale reconnue associée à un certain nombre d'anomalies de laboratoire démontrables. Il est important de se rappeler que les examens peuvent être normaux dans les premiers stades de l'insuffisance surrénale, et que les patients doivent donc être surveillés régulièrement.

Divers essais ont été menés pour étayer la relation entre le stress, le fonctionnement biochimique des glandes surrénales (par exemple, le rythme circadien de la production de cortisol) et une variété de dysfonctionnements systémiques. De même, de nombreuses thérapies ont été tentées pour rétablir l'activité des glandes surrénales à des niveaux normaux, y compris des extraits botaniques, des remèdes à base de plantes et des vitamines. Il n'existe pas encore d'essais randomisés de grande envergure confirmant les avantages de l'un ou l'autre de ces traitements, mais les recherches se poursuivent.

Le concept de fatigue surrénale a reçu le soutien de certaines parties du corps médical et peut avoir une certaine validité. Toutefois, les patients doivent être protégés contre les individus peu scrupuleux qui cherchent à exploiter leur foi en l'existence de cette maladie pour leur propre profit financier.

Régime alcalin³

Les modifications du régime alimentaire humain résultant des révolutions agricole et industrielle ont entraîné des changements chimiques dans les aliments que nous consommons. Au fil du temps, on a constaté une diminution de la teneur en potassium par rapport au sodium et une augmentation du chlorure par rapport au bicarbonate. Ces changements, aggravés par la perte de la régulation rénale acido-basique avec le vieillissement, prédisposent à l'acidose métabolique. Si cette dernière n'a que peu d'effet sur la chimie du sang, ses conséquences sur la composition de l'urine augmentent considérablement le risque de développer des calculs rénaux. L'adoption d'un régime alcalin réduira cette possibilité chez les patients qui présentent d'autres facteurs de risque de calculs rénaux (par exemple, les personnes âgées dont le débit urinaire est lent en raison d'une obstruction anatomique).

Des essais ont permis d'identifier d'autres avantages possibles du régime alcalin pour la santé, bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires. L'augmentation de la quantité de fruits et de légumes dans l'alimentation peut contribuer à préserver la masse musculaire chez les adultes. La correction de l'acidose avec du bicarbonate ou du citrate de potassium augmente l'hormone de croissance chez les enfants et peut améliorer la croissance. D'autres liens ont été établis avec la santé osseuse, le risque cardiovasculaire et même la réponse des tumeurs à la chimiothérapie.

Il convient de souligner que la littérature étayant les avantages d'un régime alcalin est limitée et que des preuves plus tangibles sont nécessaires avant qu'une telle approche puisse être adoptée dans la médecine courante.

Ayurvéda⁴⁵

Ayurveda est un mot sanskrit que l'on peut traduire approximativement par "l'écriture de la longévité". Il est impossible de rendre justice en quelques lignes au contexte culturel et académique qui sous-tend cette approche traditionnelle indienne et l'auteur n'essaiera pas de le faire. Son origine remonte à quatre livres sanskrits appelés Vedas. L'Ayurveda présente tout un système de bien-être et de promotion de la santé dans lequel le diagnostic et le traitement des maladies occupent une place prépondérante. Concrètement, la pratique de l'Ayurveda en Occident se concentre sur les procédures de "purification", les thérapies de rajeunissement, les préparations à base de plantes et de minéraux, les exercices et les conseils diététiques basés sur le "type de corps".

L'Ayurveda a plus de 5 000 ans mais s'est perdue dans la nuit des temps avant d'être reconstituée au début des années 1980 par le Maharishi Mahesh Yogi. Certains de ses partisans affirment que l'Ayurveda a toujours été un système évolutif, mais qu'il a été involontairement figé il y a plusieurs siècles. Certains tentent de l'associer à la médecine conventionnelle.

La littérature scientifique ne contient que très peu de preuves à l'appui des techniques ayurvédiques. La sécurité des remèdes (utilisation de substances toxiques telles que les métaux lourds) et l'inefficacité des traitements (par exemple, pour le VIH et le cancer) ont suscité des inquiétudes.⁶⁷

En résumé, l'Ayurveda est un système ancien de médecine du corps et de l'esprit qui peut être pertinent pour les personnes qui adhèrent à cet ensemble particulier de croyances culturelles. Toutefois, comme pour d'autres formes de médecine alternative, son utilisation peut être exploitée par des personnes peu scrupuleuses pour soutirer de l'argent à des personnes vulnérables.

Régime Candida

Elle repose sur le concept de la prolifération intestinale de Candida spp. commensuraux dans l'intestin, qui est censée donner lieu au "syndrome de la levure" ou à la "prolifération de la levure". Les symptômes de ce syndrome sont la fatigue, les maux de tête et les troubles de la mémoire. Les caractéristiques sont très similaires à celles du syndrome de fatigue chronique et une thérapie anti-candidale a également été suggérée pour cette affection. Le régime exclut le sucre, la farine blanche, la levure et le fromage, car ces aliments favorisent la prolifération des candidoses.

Un essai contrôlé randomisé n'a pas permis de confirmer les avantages d'un régime candide à faible teneur en sucre et en levure dans le syndrome de fatigue chronique par rapport à un régime alimentaire normal et sain.⁸

Il est de plus en plus évident que la candidose intestinale peut être associée aux maladies inflammatoires de l'intestin, aux ulcères gastriques et au syndrome du côlon irritable. L'utilisation de médicaments antifongiques s'est avérée bénéfique pour les patients présentant une charge élevée de candidose. Cependant, on n'a pas constaté de bénéfice similaire avec les manipulations alimentaires anti-candida.⁹

Terre de diatomées

La terre à diatomées est une roche sédimentaire siliceuse tendre constituée de restes fossilisés de diatomées, un type d'algues à coquille dure. Elle s'effrite facilement en une poudre granuleuse. Elle se compose principalement de silice et de petites quantités d'oxyde d'aluminium et d'oxyde de fer.¹⁰

Une étude portant sur 19 patients a été publiée, selon laquelle la terre de diatomée était capable de réduire le taux de cholestérol sanguin et d'influencer positivement le métabolisme des lipides. Les auteurs ont conclu que des essais contrôlés par placebo étaient nécessaires pour confirmer leurs résultats, mais à ce jour, ils n'ont pas été publiés.¹¹

Malgré le manque de preuves scientifiques, l'utilisation de la terre de diatomée comme agent hypocholestérolémiant a reçu un certain soutien de la part du public, notamment comme alternative aux statines.¹²

Médecine fonctionnelle¹³

La médecine fonctionnelle est une approche alternative basée sur l'interaction entre l'environnement, la génétique et les facteurs liés au mode de vie. Elle souligne l'importance d'une approche holistique et de l'établissement d'un partenariat thérapeutique entre le patient et le médecin. Les partisans de la médecine fonctionnelle sont très critiques à l'égard de la médecine conventionnelle et de ce qu'ils décrivent comme le "modèle de soins aigus", en particulier en ce qui concerne la gestion des maladies chroniques. Les concepts fondamentaux de la pathogenèse des maladies sont les antécédents, les déclencheurs et les médiateurs. Les antécédents sont des facteurs, génétiques ou acquis, qui prédisposent à la maladie ; les déclencheurs sont des facteurs qui provoquent les symptômes et les signes de la maladie ; et les médiateurs sont des facteurs, biochimiques ou psychosociaux, qui contribuent aux changements pathologiques et aux réponses dysfonctionnelles. En comprenant les antécédents, les déclencheurs et les médiateurs qui sous-tendent la maladie ou le dysfonctionnement chez chaque patient, le praticien de la médecine fonctionnelle conçoit une matrice à partir de laquelle il élabore un plan de traitement.

Les détracteurs de la médecine fonctionnelle affirment que les principes sur lesquels elle repose sont vagues et que de nombreux traitements et concepts n'ont pas été validés par la recherche scientifique :

• Thérapies cliniques de désintoxication - des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer la sécurité et l'efficacité de ces approches.¹⁴

• Diagnostic des infections chroniques occultes - par exemple, la maladie de Lyme chronique (des études ont montré que la plupart des patients diagnostiqués avec la maladie de Lyme chronique n'ont aucune preuve objective d'une infection antérieure ou actuelle par Borrelia burgdorferi ou devraient être classés comme souffrant d'un syndrome post-maladie de Lyme.¹⁵

• Biopuncture - des affirmations non fondées ont été faites selon lesquelles l'injection sous-cutanée de diverses substances peut guérir des lésions musculo-squelettiques aiguës et chroniques et qu'elle est efficace dans les cas d'asthme, de rhume des foins, de bronchite, de colite et d'une série d'autres affections.¹⁶

Syndrome de l'intestin perméable

On a récemment découvert que l'intestin joue un rôle dans la régulation du trafic des antigènes environnementaux à travers la barrière muqueuse de l'hôte. La perte de la fonction protectrice de cette barrière ("intestin perméable") est considérée comme un facteur de développement des maladies auto-immunes. On pense que la régulation de la perméabilité est associée à la production d'une protéine appelée zonuline, qui a été récemment identifiée. Les implications thérapeutiques de ces résultats doivent encore être élucidées mais pourraient bien impliquer le développement d'agents qui affectent l'activité de la zonuline et d'autres régulateurs de perméabilité qui restent à découvrir.¹⁷

Malheureusement, ces avancées scientifiques légitimes ont été transformées par des praticiens extérieurs à la médecine traditionnelle en un concept de "syndrome de l'intestin perméable" qui serait lié à diverses affections, dont la sclérose en plaques, le diabète et le lupus.¹⁸Inévitablement, toutes sortes de traitements non fondés ont été infligés au public sans méfiance, notamment :

• Manipulation du régime alimentaire.¹⁹

• Remèdes à base de plantes.

• Compléments alimentaires.²⁰

Autres conditions et thérapies

Pour d'autres thérapies non mentionnées ici, voir les lectures complémentaires et les liens de référence ci-dessous.