Pourquoi certaines personnes ont-elles des rhumes plus graves que d'autres ?

Pour un phénomène aussi omniprésent, surtout pendant les mois d'hiver, le rhume est notoirement difficile à définir, même parmi les experts médicaux.

D'une part, elle peut être identifiée comme un ensemble de symptômes reconnaissables - nez bouché et qui coule, mal de gorge - éventuellement associés à des indicateurs systémiques tels que la fièvre, en particulier chez les enfants.

D'autre part, le rhume peut également être défini comme une infection causée par une série de virus respiratoires, dont le rhinovirus est le plus répandu. D'autres virus, comme la grippe , peuvent également provoquer des symptômes typiques du rhume.

Le terme "rhume" n'est pas un terme médical à proprement parler", explique le Dr Ron Eccles, professeur émérite à l'école des biosciences de l'université de Cardiff. "La majorité des infections virales respiratoires sont décrites comme subcliniques, c'est-à-dire sans symptômes. Ainsi, par exemple, une personne peut être atteinte d'une infection causée par le rhinovirus sans le savoir.

"De même, lorsque le virus de la grippe se propage dans la communauté, de nombreuses personnes sont touchées, sans pour autant développer de symptômes.

"Personnellement, je définis le rhume comme ce que le grand public considère comme un ensemble d'au moins trois symptômes reconnaissables, pouvant durer sept jours.

Pourquoi certaines personnes sont-elles toujours mal lunées ?

Les scientifiques sont de plus en plus conscients de l'influence de la génétique sur la médecine en général et sur la recherche sur le rhume en particulier.

Notre patrimoine génétique détermine notre système immunitaire et les déficiences immunitaires sont un facteur important qui explique pourquoi certaines personnes contractent plus de rhumes que d'autres. Une faiblesse génétique des poumons, comme la mucoviscidose par exemple, peut mettre en danger les personnes qui attrapent un simple rhume.

"Il existe toute une série de constitutions génétiques différentes au sein de la population et, par conséquent, tous nos systèmes immunitaires sont très différents", explique M. Eccles.

"C'est pourquoi certaines personnes réagissent très fortement aux virus du rhume et présentent des symptômes graves, tandis que d'autres réagissent si légèrement qu'elles prétendent n'avoir jamais eu de rhume de leur vie.

"Si vous avez déjà été exposé à un virus particulier, il se peut que vous ne développiez aucun symptôme, car votre système immunitaire a été préparé à combattre l'infection. C'est ce même processus qui fait que l'on n'attrape généralement la varicelle qu'une seule fois.

"Avec les rhumes courants, la réponse immunitaire n'est généralement pas aussi forte et il est donc probable que nous ne soyons pas immunisés à vie contre un virus particulier", ajoute-t-il. "Cependant, nous pouvons avoir une réponse plus légère si nous sommes à nouveau exposés à ce virus.

Facteurs liés à l'âge et au mode de vie

La bonne nouvelle, c'est qu'en plus de la sagesse, l'âge s'accompagne souvent d'une meilleure immunité, pour la simple raison que nous avons été exposés à davantage de virus au cours de notre vie, ce qui se traduit par des rhumes moins sévères.

Cependant, avec l'âge, notre système immunitaire ralentit inévitablement et nous pouvons commencer à souffrir d'infections des voies respiratoires inférieures et de la poitrine plus sévères et potentiellement graves.

En outre, le manque de sommeil et les troubles du sommeil peuvent perturber le système immunitaire et rendre les personnes plus vulnérables aux rhumes. Le stress est un autre facteur qui peut diminuer l'immunité et la capacité de l'organisme à lutter contre les infections.

Enfin, il y a le bon vieux temps britannique.

"Je dirais que l'un des facteurs clés est que nous avons tendance à nous regrouper par temps froid et que le froid est lié aux infections respiratoires", explique M. Eccles. "En outre, l'air refroidit notre nez et notre système respiratoire, et ralentit notre réponse immunitaire".

L'importance de la vitamine D

Une série de facteurs liés au mode de vie - le lieu et le mode de vie, l'hygiène et la nutrition, comme l'apport en vitamine D - jouent également un rôle important dans la vulnérabilité des personnes, et en particulier des enfants, à attraper un rhume.

"Il y a 70 ans, les parents avaient pour habitude de donner aux enfants de l'huile de foie de morue ou une autre forme de vitamine D, mais dans les années 1950, cette pratique a commencé à passer de mode et au cours des 20 dernières années, nous avons constaté une augmentation importante des carences en vitamine D", déclare le Dr Benjamin Jacobs, pédiatre consultant au Elstree Waterfront Outpatients Centre, qui fait partie de HCA UK.

"Au Royaume-Uni, nous ne fortifions plus les aliments autant que dans d'autres pays ; par exemple, aux États-Unis, la plupart des laits sont enrichis en vitamine D, ce qui n'est pas le cas au Royaume-Uni.

Outre le manque de suppléments vitaminiques et d'enrichissement des aliments, Jacobs identifie trois autres facteurs importants.

"Le Royaume-Uni compte aujourd'hui davantage de personnes à la peau plus foncée, qui ont besoin de plus de soleil pour que leur peau produise de la vitamine D. Nous nous sommes donc efforcés de protéger les gens contre le cancer de la peau, ce qui est bien sûr très important, mais si vous ne vous exposez pas au soleil, vous devez prendre de la vitamine D par voie orale.

"Le fait que les femmes britanniques ne transmettent pas une quantité suffisante de vitamine D à leurs bébés par le biais du lait maternel est tout aussi important, et nous devrions donc donner des suppléments à ces bébés.

Recherche récente sur le rhume

Une étude récente de la faculté de médecine de l'université de Virginie, aux États-Unis, suggère que la quantité de bactéries nasales (en particulier les staphylocoques et les moraxelles), ainsi que la quantité de virus du rhume présents dans l'organisme, peuvent influencer le type et la gravité des symptômes du rhume que les personnes développent.

Jacobs est intrigué, mais émet une mise en garde.

"Il s'agit d'une étude scientifique intéressante avec de bonnes données, mais il est toujours important de bien faire la différence entre les bactéries et les virus", explique-t-il. "La majorité des infections que nous observons chez les enfants en hiver sont des virus.

"Il y a d'autres germes qui causent des infections, et le staphylocoque et la moraxelle sont deux bactéries qui peuvent nécessiter un traitement antibiotique, mais il n'y a aucune preuve, dans cette étude ou dans toute autre, que l'administration d'antibiotiques prévient les rhumes ou aide les personnes atteintes d'un rhume ou d'une grippe.

"L'étude suggère que les personnes pourraient avoir plus de bactéries, ou des bactéries différentes, qui pourraient être liées à des rhumes plus sévères. Les bactéries peuvent en être la cause ou il se peut qu'un troisième facteur fasse que ces personnes attrapent à la fois les bactéries et le virus - nous sommes loin de savoir comment cela fonctionne.

Prévention et traitement

Quelles mesures pratiques peut-on prendre pour réduire le risque de contracter un rhume ou en atténuer les symptômes si l'on en contracte un ?

Boissons chaudes

"La plupart des médicaments contre la toux que vous pouvez acheter ne sont pas très efficaces, mais les boissons chaudes qui favorisent la salivation et les sécrétions de mucus peuvent être particulièrement bénéfiques pour les maux de gorge et la toux", conseille M. Eccles. "Il est également de plus en plus évident que les sirops sucrés contre la toux sont bénéfiques pour inhiber la toux.

Antidouleurs

"Les analgésiques tels que le paracétamol, l'aspirine et l'ibuprofène sont efficaces pour lutter contre la fièvre, les douleurs musculaires, les maux de tête et les douleurs sinusales, mais il faut bien vérifier l'étiquette avant de les prendre.

Vaporisateurs nasaux

"Les sprays décongestionnants nasaux à action rapide peuvent soulager la congestion jusqu'à dix heures et je recommande de les prendre le soir avant d'aller se coucher, comme je le ferais pour un produit multi-symptômes contenant un analgésique, un décongestionnant et un antihistaminique".